La casquette de mon père

Lorsque je la voyais, pendue à la patère,
Dès l’entrée, je savais, qu’il était là mon père,
Car elle était au cœur de tout son univers
Cette casquette bleue à l’étroite visière.

Héritée d’un marin qui sillonnait les mers,
Symbole inavoué d’une vie libertaire,
À laquelle il rêvait, incroyable chimère,
Lui qui n’avait foulé que le sol de la Terre.

Petit garçon, déjà, il se voyait corsaire
Ou Cap’tain au long cours se moquant des frontières,
Mais hélas il ne fut qu’un petit fonctionnaire
Qui ne fera jamais de course en solitaire.

Alors pour oublier, dans son imaginaire,
Il s’inventait des vies, il était globe-trotter,
Il parcourait le monde, en perçait les mystères,
N’ayant que l’océan comme unique repère.

Mais la réalité, et toutes ses galères,
Le rattrapait toujours, brutale et sans manières.
Alors cette casquette était l’intermédiaire
Entre sa vie trop dure et son monde éphémère.

Mon père s’en est allé pour d’autres hémisphères,
Et sa casquette bleue, témoin peu ordinaire
De son parcours terrestre, m’est devenue très chère.
Comme un lien invisible, elle transmet mes prières.

Danielle