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le zinc de l'écriture
12 novembre 2009

La statue est en terre cuite, dans des tons ocre

statue_rodin_accroupie

 

La statue est en terre cuite, dans des tons ocre jaune, orangé. Les formes très travaillées sont tantôt anguleuses ou très arrondies. Coiffée d’un chignon qui laisse apparaître des cheveux naturellement ondulés et épais, la femme à l’allure jeune regarde de côté, vers le bas. Elle pose, accroupie sur les fesses. Son buste calé entre ses cuisses, elle tient de la main gauche son sein gauche et de la main droite son pied gauche. Ses pieds disproportionnés, l’un très large, l’autre très fin, se prolongent en un socle large et plat, légèrement fissuré.



Ah ! Je suis bien là, seule, tranquille, à l’abri des chuchotements bruyants, cachée des regards malveillants en quête de gracieux seins, de cons découverts. La souplesse dont mon créateur m’a dotée m’offre le repos. Mon regard ne peut en croiser d’autres : je ferme les yeux et mon visage est tourné vers le bas. Et puis, mes mains sont judicieusement placées. Je me couvre un sein et ne laisse pas directement apparaître mon mont de vénus. Pour moi la farouche, la sauvage à l’âme glacée, je ne pouvais mieux rêver. Mais surtout, assise sur mes fesses, je fais quelquefois face à des enfants tout calmes. L’œil perçant et brillant, ils me miment je crois, ou prennent peut être cette douce posture du chérubin gracieux. Mais face au monument que je suis, il est rare que je renvoie cette impression apaisée. 

Alors quand ils me miment j’aime, à mon tour, me bercer dans leurs pensées insouciantes, leurs rêveries muettes. D’une posture enfantine commune nous partageons alors des idées.


 

Crac-Crac... Elle sent qu’elle se déploie, s’étire, délie ses articulations, fait jouer ses muscles. Son visage enfin se tourne. Son regard se porte vers le côté jamais exploré de ce célèbre musée. Elle aperçoit des lumières vertes, des flèches. Celles-ci l’attirent. Elle se tend et s’élève. Quelles sensations ! Quelle grandeur ! Cependant de sa grâce elle a tout perdu. Sa marche est hésitante, maladroite. Elle gesticule avec des jambes qui semblent si lourdes. Ses pas l’entraînent toujours du même côté, vers la droite, là où son pied solide peut la porter. Elle continue de s’étirer, on croirait suivre l’évolution de l’homme en accéléré. Petit à petit elle se relève, s’élève, tend le cou, le front, le regard et approche maintenant de la sortie. Elle semble heureuse et perdue, une amoureuse dans l’attente. Elle non plus ne sait pas : va-t-il arriver... quelque chose?

Dorothée

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