le ballon gonflable et le bouchon de liège
Le ballon gonflable ou ballon de baudruche.
Avant de devenir ballon, c’est un morceau de caoutchouc ovale, doux au touché et qui tient sur la paume d’une main tel un petit animal mort.
Pour lui donner vie, il faut introduire son embout tout mou dans la bouche et laisser pendre cette langue bizarre entre nos lèvres, ensuite prendre amplement son inspiration par le nez afin d’insuffler dans cette baudruche l’air de nos poumons
Très vite sa peau se distend. En quelques efforts, il est gonflé à bloc. Nouer alors son extrémité par un nœud pour emprisonner l’air.
Tendu et prêt à jouer, une pichenette de la main suffit au premier vol de ce petit aérostat, il part mollement, méprisant la balistique il retombe au ralenti.
Alors on s’agite pour lui, on le chahute, on le gifle, c’est un punching ball, ou bien, selon notre humeur, on le fait rebondir et planer doucement, comme la mappemonde de Charlot dans le film « Le dictateur ». Sa lenteur le rend servile à nos jeux.
Mais son coup d’éclat, c’est quand il crève avec un bruit de pétard, il a disparu, comme par magie, ne laissant au sol qu’une peau toute flétrie, déchiquetée et méprisable.
Le bouchon de liège d’une bouteille de vin
Écorce arrachée d’un chêne sous le soleil, méthodiquement taillée, tatouée, ébouillantée, comprimée par une pince pour glisser dans un culot exigu. Morceau de bois devenu bouchon.
Cloué pour un temps dans une prison de verre.
Il garde du vin sous une capsule d’étain.
Un jour empalé avec soin. Fin de mission.
Jeté à la poubelle ou dans le fatras d’un tiroir…