Le grenier

Je ferme la porte après avoir grimpé l'escalier en colimaçon. Le grenier silencieux m'accueille. Le soleil filtre au travers des lucarnes. Je m'assieds sur la bergère cramoisie en faisant attention à son équilibre instable. Enfin seule !...

 Je n'en pouvais plus de cette journée interminable. Au bureau l'ambiance était électrique, les clients au téléphone imbuvables et une migraine tenace m'a tenue toute la journée. Lorsque je suis sortie pour déjeuner, il pleuvait des cordes et j'ai cassé l'un de mes talons. Pratique pour rentrer en métro le soir dans les couloirs interminables du Châtelet !... Je n'avais qu'une pensée « home, sweet home ». Là encore j'ai eu tout faux....

La concierge m'attendait un recommandé à la main (mon banquier a moyennement apprécié mon dernier découvert), l'ascenseur était en panne et une odeur pestilentielle de choux squattait l'escalier...

Lorsque j'ai franchi le seuil de mon appartement, j'ai été accueillie par les notes stridentes et désaccordées de Sophie, l'élève de mon mari. J'avais oublié qu'on était mercredi,  jour où il donne ses cours de violon.

J'ai jeté mes chaussures dans un coin de l'entrée, fait choir mon manteau à mes pieds, gravi l'escalier et me voilà enfin là, seule, au calme, allongée sur ma bergère branlante.

Les vieux objets qui m'entourent me rappelle une époque idyllique sans portable, wi fi, jeux vidéo...

la liste est longue et me fait rêver....

Soudain, l'une des lucarnes explose et des débris de verre précédés du ballon de foot du voisin d'en face m'éclatent au visage. En voulant me lever brusquement la bergère cède et je me retrouve allongée sur un un tapis de verres tranchants....

C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase ou l'éclat de verre qui fait pèter la boule de nerfs que je suis devenue. Je hurle à pleins poumons ! 

J'entends mon mari, affolé, grimper quatre à quatre les escaliers.

Danielle