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le zinc de l'écriture
4 janvier 2013

La véritable histoire d'Icare

Moi, ambassadeur de Grèce, invité quelques mois plus tôt au Palais crétois de Minos pour de petits arrangements commerciaux, je m’étais retrouvé statufié, en grande tenue militaire, à la proue du navire amiral du roi de Crète.

 

Un matin, j’entendis dans les cieux au-dessus de l’escadre navale un CHUT formidable.

À défaut de pouvoir lever la tête, je levai les yeux et je vis le plus célèbre inventeur, sculpteur, architecte de Crète : Dédale qui volait dans les cieux ainsi que son fils Icare, munis d’ailes de plumes collées à la cire.

C’était justement Dédale que le roi Minos, fou de rage, pourchassait sur terre et sur mer depuis plusieurs mois (insupportable les fourmis dans les jambes quand on est statufié depuis si longtemps !). 

Il faut avouer que les contentieux abondaient, je vais vous en faire le résumé :

Dédale en sculptant une vache creuse plus vraie que nature avait aidé Pasiphaé la femme de Minos à se faire engrosser par un taureau envoyé par Poséidon.

Ce rapport contre-nature avait valu au couple royal d’engendrer un monstre : le Minotaure. Minos, ignorant à l’époque la responsabilité de Dédale dans l’histoire, lui avait commandé de construire un labyrinthe inextricable pour enfermer ce fils monstrueux. Le problème n’était qu’à moitié résolu puisque le Minotaure exigeait que lui soit livré de la chair fraîche avec une nette préférence pour les courtisanes de son père. 

Minos, de plus, s’était aperçu que toutes les statues de son Palais sculptées par Dédale avaient le pouvoir de s’animer et que, simultanément, ses soldats et ses invités se retrouvaient statufiés.

D’où un immense chaos lorsqu’il s’était agi de mobiliser les troupes crétoises pour partir en expédition punitive à la recherche de Dédale.

Et c’est ce qui me vallut d’être ainsi statufié aux côtés de statues militaires devenues, elles, bien vivantes.

Mais, j’entendais dans le ciel à nouveau un impératif «CHUT» émis par Dédale.

Et là, je vis Icare entreprendre un magnifique piqué aérien vers nos mâts. Malentendu regrettable et assassin ! Icare, grisé et assourdi par le vol, avait entendu pour ordre paternel «CHUTE !» et il plongeait vaillamment vers le navire

Le soldat-statue-dé-statufié qui me côtoyait m’arracha mon lance-pierre. Et, paralysé, impuissant je le vis tirer sur le jeune homme.

Icare, touché et vexé, redressa brutalement sa trajectoire et grimpa vers le ciel comme une alouette.

Vous connaissez la suite… Les alouettes ne sont pas de cire. Mais l’attache des ailes d’Icare fondit à la chaleur du soleil. Ses ailes se détachèrent et il s’abîma dans la mer. Quelques plumes vinrent dans la chute échoir sur le pont du navire. 

Dédale, effondré par la mort de son fils, perdit son pouvoir et je me trouvais ainsi libéré de ma paralysie.

Je me précipitai aussitôt pour ramasser quelques plumes avec la ferme intention de raconter la véritable histoire de la chute d’Icare qu’aujourd’hui je vous livre.

 

Dédale, inconsolable, mit plusieurs siècles avant de trouver la recette de la glue et de la superglue qui lui auraient permis de sauver son fils.

 

Martine

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