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le zinc de l'écriture
18 novembre 2013

Galerie de portraits

Julien CRUDERDOUX

Evidemment si  je me rendais dans une expo relative à la seconde guerre mondiale, c’était bien dans l’espoir de  me retrouver nez à nez avec le Général Cruderdoux. Je le reconnus tout de suite à sa silhouette osseuse qui dominait d’une tête les autres participants.

Cet homme me laisse toujours une impression troublante. Il a un physique tout en arêtes mais il suffit qu’il vous sourie pour devenir solaire. Deux fossettes creusent alors son visage qui s’illumine sous la douceur de son regard. 

Il s’approche de moi et me serre la main très doucement, comme s’il avait peur de me briser les os. Je rougis comme une gamine sous son regard perçant et ironique. Ses yeux sont d’un bleu si clair que je m’y noie… Oui, je le confesse, j’ai un grand faible pour cet homme.

Personne ne sait rien de sa vie privée. Je ne connais que son prénom : Julien.

Je ne l’ai jamais vu accompagné mais lorsque je le croise au FRANPRIX du coin, je trouve son caddie bien chargé pour un homme seul. 

Les lumières de son appartement brillent très tard le soir et ne laissent apparaitre que sa silhouette. Pourtant, à certains moments, il semble s’adresser à un partenaire qui se tient immobile dans la pénombre. De qui s’agit-il ? Son épouse ou pire sa maitresse ? Je voudrais être une petite souris pour savoir.

Lorsque nous nous rencontrons il semble goûter ma présence mais ce petit flirt, à mon grand dam, reste sans conséquence. La prochaine fois que je le rencontre, j’essaierai de surmonter ma timidité naturelle pour lui demander de prendre un café avec moi…

Je n’en peux plus d’être dans l’ignorance, il faut que je sache, d’autant que je n’ai aucun goût pour les amours adultérines, j’aime trop l’exclusivité !

 

Ferdinand MAINKISS

Il subissait son nom depuis tant d’années qu’il avait entendu tous les quolibets possibles de la part de ses petits camarades. Le plus fréquent étant « attention il va nous sortir son petit robinet ». Il avait droit aussi au surnom d’Hitler en référence à « Mein Kampf » ou plus sympa à « embrasse-moi idiot ». Il aurait rêvé s’appeler Durand ou Dupont, mais il allait devoir assumer cette tare toute sa vie, à moins que demain, grâce au mariage pour tous, il n’épouse le gros Georges et s’appelle alors « Fourchambeault » ce qui serait plus classieux non ?

 

 

Alain MAUPALIER

La silhouette du Docteur Maupalier se profile derrière la porte d’entrée. Un coup de sonnette énergique plus tard, il est déjà au pied de mon lit …

Je ne suis pas très fière quand il me demande de lui décrire mes symptômes car je peux difficilement lui répondre : allergie au contrôle de maths ! Je transpire non de fièvre mais de peur qu’il ne me mette à jour et découvre ma supercherie. S’il devait en faire part à mes parents je crains le pire et n’ose imaginer les mesures de rétorsion.

 

 

Marcel MUVLAN

C’est la fête au village aujourd’hui. Tous les marchands de bestiaux sont venus à la foire et le rire de MUVLAN tonitrue dans un vacarme indescriptible. Il n’a pas maigri depuis la dernière fois !

Son énorme bedaine retombe sous la ceinture de son pantalon en velours qui tirebouchonne le long de ses jambes en arceaux. Sa trogne hilare et cramoisie lui donne l’air d’être sur le point d’imploser !

En ce qui concerne sa cravate écossaise qui lui serre le gosier, elle a dû faire les beaux jours des années cinquante et souligne encore, s’il en était besoin, son état d’apoplexie…

 

 

Prosper LUPAR

Quel nom prédestiné pour un bibliothécaire !... En plus il en a l’apparence : petit, silhouette chétive un peu bossue, binocles rondes retombant sur le nez et costume étriqué un peu usé.

Au premier abord, ce rat de bibliothèque n’est guère visible et pourtant il suffit qu’il vous recommande un livre pour que son visage s’éclaire. Sa voix se fait alors plus forte et il vous entraine avec fougue dans un univers magique.

Sa passion pour la littérature le rend très attachant et il développe, à foisons, ses réflexions sur l’ouvrage et l’auteur. Il fédère donc autour de lui une cour toujours plus grande de fans inconditionnels,  à une exception près : Marcel Muvlan.

Il est vrai qu’entre eux c’est le choc des mondes. L’un vit dans une atmosphère feutrée et l’autre braille dans les champs de foire. Au niveau intellectuel ce n’est pas l’osmose non plus. D’ailleurs le Marcel n’était venu dans la bibliothèque que pour rendre un livre à l’eau de rose prêté à sa femme.

C’est donc tout à fait par hasard qu’il rencontra là son copain Léonard. Aussitôt il s’esclaffa, hurla en lançant de grandes bourrades dans le dos de son camarade. Le petit bibliothécaire demanda à plusieurs reprises au marchand de bestiaux de modérer son ton mais cela n’eut pour  conséquence que de rendre furibard le Marcel. De rage il asséna un coup de poing magistral sur le bureau de Lupar, le brisant en deux et entrainant dans sa chute le pauvre bibliothécaire terrorisé.

Depuis ce jour, Muvlan est interdit de séjour à la bibliothèque et Lupar change de trottoir chaque fois qu’il croise l’autre énergumène dans la rue.

 

Danielle

 

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