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le zinc de l'écriture
3 décembre 2013

La moitié des répliques…

UBU ROI d’Alfred JARRY

Le personnage de BOUGRELAS

La Reine : Je suis bien malade, crois-moi, Bougrelas. Je n’en ai plus que pour deux heures à vivre.

Bougrelas : que nenni ma reine. Le peuple a besoin de vous, ne nous laissez pas, je vous en implore.

La reine : comment veux-tu que je résiste à tant de coups ? Le roi massacré, notre famille détruite, et toi, représentant de la plus noble race qui ait jamais porté l’épée, forcé de t’enfuir dans les montagnes comme un contrebandier.

Bougrelas : peu importe mon cas. Mon épée reste à jamais à votre service et à celui de mon cher pays. Je ne saurais vivre dans l’infamie d’une fuite.

La reine : O Bougrelas ! Quand je me rappelle combien nous étions heureux avant l’arrivée de ce Père Ubu ! Mais maintenant, hélas ! tout est changé !

Bougrelas : Ubu ne représente rien que lui-même et c’est vraiment peu de choses. Seul son pouvoir de nuisance vous a affecté, mais un peu de patience et ce mal qu’il répand se retournera contre lui, tel un boomerang.

La reine : Je te le souhaite, mon cher enfant, mais pour moi, je ne verrai pas cet heureux jour.

Bougrelas : Ce jour est très proche ma reine et Dieu permettra, j’en suis certain, que vous assistiez à la déchéance de cet immonde personnage. (Il se cache la figure dans les mains et pleure).

La reine : adieu mon bon Bougrelas. Dans un dernier râle la reine se meurt….

Il tombe en proie au plus violent désespoir.

 

 

ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR

Le personnage de PERDICAN

Camille : Qu’en dira votre père ?

Perdican : Il trouvera la situation infiniment drôle !...

Camille : Il n’y a rien là de risible ; vous faites très bien de l’épouser. Mais je suis fâchée pour vous d’une chose : c’est qu’on dira que vous l’avez fait par dépit.

Perdican : Le dépit n’a rien à voir à l’affaire. C’est vrai que lorsque vous m’avez quitté j’en ai éprouvé beaucoup d’affliction, mais j’ai l’âge de me caser et Isabelle a beaucoup de vertus.

Camille : Si, j’en suis vraiment fâchée pour vous. Cela fait du tort à un jeune homme, de ne pouvoir résister à un moment de dépit.

Perdican : Un moment de honte est vite passé et la consolation est à la hauteur de mes aspirations.

Camille : Mais vous n’y pensez pas ;  c’est une fille de rien.

Perdican :  La jalousie vous rendrait-elle de mauvaise foi ?

Camille : Elle vous ennuiera avant que le notaire ait mis son habit neuf et ses souliers pour venir ici ; le cœur vous lèvera au repas de noces, et le soir de la fête, vous lui ferez couper les mains et les pieds, comme dans les contes arabes, parce qu’elle sentira le ragoût.

Perdican : Je vous trouve bien injuste. Elle a la taille fine et déliée et un très joli port de tête. Son regard myosotis éclaire de délicieuse façon son visage de madone. Quant à son esprit, elle est très loin d’en être dénuée. Si nous rajoutons à tout cela les 3000 écus dont son père la dotera, cela en fait un parti très intéressant !....

Camille : Il est à regretter qu’on ait dépensé tant d’argent pour vous l’apprendre ; c’est trois mille écus de perdus.

Perdican : Ce ne sera pas perdu pour tout le monde car j’ai demandé à Isabelle d’en faire don, pour une grosse partie, à notre révérend chanoine.

Camille : Ce sera vous qui vous en chargerez, du moins pour les pauvres d’esprit.

Perdican : Je me soucie comme d’une guigne des pauvres d’esprit. Ils peuvent jaser tout à loisir.

Camille : Combien de temps durera cette plaisanterie ?

Perdican : Le temps d’un mariage, c’est-à-dire le plus longtemps possible, ne vous en déplaise.

Danielle

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