Belle comme une image

Pablo Picasso, Femme nue allongée, été 1915

Le dompteur avait épousé en seconde noce Carmen, une voluptueuse et ambitieuse Andalouse qui posait nue pour les peintres ayant besoin de modèle.

Elle aimait vivre nue, ce faisant elle avait choisi de faire profiter  de ses formes généreuses les amateurs de beauté hispanique.

Tandis que son époux se coltinait des fauves vieillissants qu'il était obligé de fouetter afin qu'ils rugissent pour la plus grande peur du public du cirque, madame se pavanait sur les divans des ateliers du quartier où le chapiteau était dressé.

Un jour, un inconnu, beau brun au regard de braise, entra dans la pièce où elle posait.

« ¡Ola, Juan! dit-il avec un fort accent catalan. ¿Como esta?

– Muy bien Pablo. ¿Y tu?

–  Muy bien, gracias. Quelle belle femme! continua-t-il en dévorant des yeux la voluptueuse et ambitieuse odalisque dont la longue chevelure tombait sur le bras qui soutenait sa tête.

– Muchas gracias señor, répondit-elle en riant.

– Aaaah! Vous êtes du pays ?

– Andalouse pour vous servir », dit-elle en rougissant

Ravis de cette coïncidence nos trois Ibères tombèrent dans les bras les uns des autres. Juan sortit une bonne bouteille. Carmen se rhabilla pour aller s"asseoir sur les genoux de Pablo qui ne l'en chassa point!

Ils chantèrent, jouèrent de la guitare jusque tard dans la nuit.Le lendemain ils prirent la route pour le sud, Carmen abandonnant sans remords mari, cirque, enfants, roulotte pour ne poser que pour ses deux amours qui ne voulurent plus qu'elle comme modèle et maîtresse.

NADINE