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le zinc de l'écriture
16 novembre 2009

Il s'agit d'un corps de femme, en plâtre, sculpté

 

statue_Rodin

 Il s'agit d'un corps de femme, en plâtre,  sculpté par RODIN. Le corps, à la fois rond et mince, s'arrête à mi-cuisse. La tête inclinée repose sur un agglomérat de plâtre. Les cheveux sont plaqués, à l'exception de quelques mèches qui semblent mouillées et collées sur son front. En dessous de la taille, le corps est travaillé grâcieusement avec un petit ventre saillant. Par contre, au-dessus de la taille, le tronc sans bras semble martyrisé. Les yeux sont fermés, le nez légèrement aquilin est très fin et les lèvres sont closes.

 

PENSEES DE LA STATUE...

 

Dur, dur d'être une statue de plâtre… et sans bras je ne vous dis pas ! Pour corser le tout je n'ai pas de jambes non plus, mon corps s'arrêtant à mi-cuisses ! 

Comme si cela ne suffisait pas à mon martyr, ma tête est tellement penchée que je me demande si je n'ai pas la nuque brisée !...

Mes seins (qui ne sont pas à la même hauteur) ont une position improbable défiant toutes les lois de la pesanteur. 

Rodin avait dû boire plus que de raison lorsqu'il m'a créée. En attendant c'est moi qui trinque !... 

Dans le couloir glacial du musée, je dois en plus affronter les regards curieux, voire malsains, des visiteurs.... 

Je voudrais pouvoir courir, fuir, mais hélas mon corps démembré semble peser une tonne et ne me le permettra jamais.

Je hais mon créateur !...

 

 

LA STATUE NAIT A LA VIE ...

 

La nuit est enfin tombée sur le musée, m'accordant un peu de répit. Mais que se passe-t-il ? Je sens soudain une brise chaude et légère m'envelopper… Pour la première fois, je peux relever la tête.  Un sang chaud semble irriguer mon corps. Mes poumons se gonflent. Je respire.

J'ouvre avec peine mes yeux restés trop longtemps clos et mes lèvres s'entrouvent sur mon premier sourire. Je nais enfin à la vie ! Quel bonheur !

Mais ma joie et mes espoirs sont de courte durée. Sans bras, ni jambes je ne peux quitter mon socle.  

Et même si demain quelqu'un venait me chercher, dans un fauteuil roulant, quel destin m'attendrait?

Dépendre des autres pour chaque moment de ma vie : la toilette, l'habillement, les repas, l'écriture etc. 

Ne pouvoir étreindre ni mon mari, ni mes enfants. Ne pas pouvoir caresser mon chien, ne pas…

Si ce n'était déjà fait je pourrais dire « rien que d'y penser, les bras m'en tombent ».

L'humour, si capital dans ma situation, m'abandonne ce soir. Le fait de naître à la vie ne me permet qu'une chose : la quitter.

Je prends une forte respiration, et sans regret, je me laisse tomber avec fracas sur le carrelage. Ma tête explose…


Danielle

 

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