PARTIE DE CARTES
– Madame de Maintenon, voulez-vous goûter ce délicieux rosé avant de commencer la partie ?
– Oui, avec plaisir, les premiers frimas m’ont glacé le sang.
Henri : – Rodolphe, voulez-vous commencer ?
– Oui Henri, je veux bien.
Mme de M. : – Connaissez-vous les derniers potins de la cour ?
Henri : – Non, mais je brûle de les connaître.
Mme de M. : – Figurez-vous qu’Isabelle de Beaulieu a été surprise dans une fâcheuse position avec le Duc d’Enghien qui roulait carrosse vers Versailles. En effet, lors d’un embouteillage à un carrefour dû à une charrette de bois renversée, un jeune insolent a ouvert d’un seul coup la porte du carrosse et tous les passants, ébahis, ont pu admirer à loisir les corps enchevêtrés des deux amants !
Rodolphe : – Mais Isabelle de Beaulieu n’est-elle pas promise au Comte d’Angerville ?
Henri : – Mais que oui et en plus elle est toujours à jouer sa sainte Nitouche !...
Mme de M. : – C’est sûr que sa réputation va en prendre un sacré coup. Toute la cour en fait déjà des gorges chaudes…
Rodolphe : – J’espère que le Comte d’Angerville a de l’humour et de la répartie, s’il veut gommer le ridicule de sa position. Mais je parle et je n’ai pas encore abattu mes premières cartes !
Mme de M. : – Quelle importance, je m’amuse encore plus des ragots qui circulent. Les cartes elles sont muettes et en plus mon jeu n’est pas terrible.
Henri : – Malheureux au jeu, heureux en amour !
Danielle